Le 5 mars 2025 restera une date historique pour le Grand-Sud d’Haïti. Ce jour-là, l’aéroport Antoine Simon des Cayes a officiellement accueilli ses premiers vols internationaux, ouvrant ainsi une nouvelle ère pour la connectivité de la région. Si cette inauguration est saluée comme une avancée majeure, elle soulève aussi de nombreuses interrogations sur la qualité des infrastructures et les défis à venir.
Une réponse face à la crise sécuritaire
Dans un contexte où l’aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince peine à fonctionner correctement en raison de l’insécurité liée aux gangs, l’ouverture aux vols internationaux de l’aéroport des Cayes apparaît comme une bouffée d’air pour les voyageurs et les opérateurs économiques.
Grâce à des travaux express réalisés en seulement dix jours avec l’appui du secteur privé, la piste d’atterrissage a été prolongée de 1500 à 1850 mètres, permettant l’accueil d’appareils pouvant transporter jusqu’à 80 passagers. Ce progrès technique a permis à l’aéroport de passer de la catégorie 2B à 3B, une évolution qui le place officiellement sur la carte des infrastructures aériennes internationales.
Des critiques sur la table : infrastructures, services et urbanisme
Cependant, derrière l’enthousiasme de l’inauguration, des voix critiques se font entendre.
Un aéroport encore loin des standards internationaux
Certains observateurs, notamment des professionnels du secteur aérien, estiment que les équipements et les infrastructures de l’aéroport restent rudimentaires comparés aux normes internationales. Zones d’attente, équipements de sécurité, signalisation, et même les services aux passagers — plusieurs aspects nécessitent encore des améliorations pour répondre aux attentes des voyageurs internationaux.
Constructions anarchiques : un danger immédiat
Le Président du Comité de Pilotage du Tourisme (CPT), Leslie Voltaire, a exprimé son inquiétude face à la prolifération de constructions anarchiques autour de l’aéroport. Il souligne que sans une régulation stricte de l’urbanisme dans la zone, ces installations pourraient mettre en péril la sécurité aérienne et nuire à la pérennité même de l’aéroport.
Services aux passagers : beaucoup à faire
Dès les premiers vols, plusieurs passagers ont partagé leur frustration concernant la lenteur des procédures douanières et d’immigration. Le manque de personnel qualifié et d’équipements modernes compromet une expérience fluide pour les voyageurs, laissant planer des doutes sur la capacité de l’aéroport à gérer un flux régulier de vols internationaux.
Des promesses d’améliorations
Conscient de ces critiques, le Ministre du Tourisme, John Herrick Dessources, a annoncé que des travaux supplémentaires sont déjà envisagés. Parmi les projets phares :
- L’extension de la piste à 3 kilomètres, pour permettre l’atterrissage de jets plus imposants.
- La construction d’un terminal moderne, conforme aux standards internationaux, avec des équipements adaptés au trafic international.
Pour le ministre, l’ambition est claire : faire de l’aéroport Antoine Simon un levier de développement touristique et économique pour tout le Grand-Sud.
Un pari à tenir pour le Grand-Sud
L’inauguration de l’aéroport international des Cayes est un symbole fort pour la région. C’est une opportunité de désenclavement, de dynamisation économique et de repositionnement du Grand-Sud sur la carte touristique internationale. Cependant, le succès de ce projet dépendra de la capacité des autorités à assurer un suivi rigoureux, à corriger les failles relevées et à inscrire cette infrastructure dans une vision de développement durable.
Alors que l’enthousiasme du lancement retombe, la vraie question reste : le Grand-Sud saura-t-il transformer cette avancée technique en un véritable moteur de croissance ? L’avenir nous le dira.
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