Affaire Stephora : l’avocat de la famille dénonce une enquête « injustifiable et incroyable »

Dix-neuf jours se sont écoulés depuis la mort de Stephora Anne-Mircie Joseph, 11 ans, élève haïtienne vivant en République dominicaine. Pourtant, pour sa mère, Lovelie Joseph Raphael, et les avocats qui l’accompagnent, les circonstances du drame restent enveloppées de silence, de contradictions et d’une inquiétante absence de transparence.

La fillette participait, le 14 novembre, à une sortie scolaire organisée par l’Institut Intégral Léonard de Vinci, un établissement privé basé à Santiago. L’excursion, destinée aux “étudiants exceptionnels”, se déroulait dans la ferme récréative Los Caballos, à Gurabo. C’est là que Stephora aurait, selon la version initiale de l’école, trouvé la mort par noyade.

Mais près de trois semaines après les faits, la famille assure n’avoir reçu aucun élément concret permettant de comprendre ce qui s’est réellement passé.

Un avocat qui parle d’une procédure “incroyable”

Lors d’une conférence de presse donnée mardi, l’un des avocats de la famille, Me Miguel Díaz, a dénoncé une enquête préliminaire marquée par des retards anormaux et un manque d’initiative de la part du parquet de Santiago.

« L’enquête telle qu’elle est menée est injustifiable et incroyable », a déclaré l’avocat.
« Le comportement adopté dans cette affaire n’est pas normal. »

Selon l’avocat, l’établissement scolaire maintient la thèse de l’accident, mais aucune information cohérente n’a été fournie ni par l’école ni par les autorités judiciaires pour éclairer le déroulement exact des événements.

Des vidéos promises, mais jamais remises

Les questions se multiplient autour d’un élément clé : les enregistrements vidéo.
Des caméras de sécurité situées dans la zone où l’incident aurait eu lieu auraient filmé toute la scène. Le parquet aurait promis de remettre ces images à la mère de la victime.

Pourtant, dix-neuf jours plus tard, la famille affirme n’avoir reçu que des assurances verbales.

Aucune vidéo. Aucun rapport préliminaire.
Rien qui puisse expliquer ce qui a coûté la vie à une enfant de 11 ans sous la supervision d’un établissement scolaire.

Pour Me Díaz, ce silence ne peut qu’alimenter la suspicion :

« La vérité, c’est qu’il se passe forcément quelque chose. On ne peut pas parler de normalité dans une affaire où même les preuves les plus basiques ne sont pas remises aux proches. »

Une mère livrée à elle-même pendant quatre heures

Les heures qui ont suivi l’incident restent l’un des aspects les plus douloureux du récit de la mère.
Alertée par téléphone, on lui a simplement indiqué que sa fille “ne se sentait pas bien”. À son arrivée sur le lieu de la promenade, elle raconte avoir attendu près de quatre heures, sans aucune explication, entourée d’incertitude, avant qu’on lui annonce finalement la mort de son enfant.

Ce n’est qu’ensuite que les autorités lui ont demandé de se rendre à l’INACIF, l’Institut national de médecine légale, pour récupérer le corps.

L’absence flagrante de prise en compte des droits de l’enfant

L’avocat souligne également un point que personne, selon lui, ne semble vouloir aborder :
les droits fondamentaux d’une mineure de 11 ans.

Ni l’école, ni le parquet, ni les autorités éducatives n’auraient, pour l’instant, mentionné cette dimension essentielle.
Aucun protocole de protection, aucune mesure d’indemnisation ou de prise en charge psychologique, aucune communication transparente.

Pour la défense, cela révèle un manquement institutionnel grave.

Une communauté en attente de vérité

Dans la communauté haïtienne de Santiago et sur les réseaux sociaux, l’affaire Stephora est devenue un symbole : celui du besoin urgent de justice, de transparence et de protection pour les enfants, en particulier ceux issus de familles vulnérables et de migrants.

Pour l’heure, la famille attend toujours ce qu’elle réclame depuis le premier jour :
la vérité sur la mort de Stephora.

A lire aussi:
https://noupiprew.com/communique-explosif-ecole-da-vinci-face-aux-revelations-dans-laffaire-stephora/