Autopsie de Stephora Ann-Merci Joseph : l’asphyxie mécanique confirmée, des zones d’ombre persistent autour de sa mort

Par Nou Pi Prew — Analyse et reconstitution des faits

Vingt-cinq jours auront été nécessaires pour que la cause présumée du décès de Stephora Ann-Merci Joseph, 11 ans, soit officiellement révélée. Selon le rapport médico-légal 552-2025, daté du 19 novembre, l’élève haïtienne est morte d’« asphyxie mécanique par noyade », une mort qualifiée de violente, survenue lors d’une excursion scolaire à Hacienda Los Caballos, à Gurabo, Santiago de los Caballeros. L’information, rendue publique ce matin par Listín Diario, relance un dossier déjà brûlant, mêlant douleur familiale, révélations contradictoires et zones d’ombre encore inexpliquées.

Le document précise que le mécanisme du décès est une insuffisance respiratoire, ajoutant que le décès a été rapide. Cependant, l’étiologie médico-légale demeure indéterminée, un détail qui laisse place à de nombreuses interprétations. Comment une noyade peut-elle être confirmée, tout en laissant l’origine médico-légale incertaine ? Manque d’éléments périphériques ? Absence de conclusions sur les circonstances exactes du moment de la noyade ? L’ambiguïté soulève des questions que la famille et la communauté attendent encore de voir éclaircies.


Une chronologie qui interroge

Le récit présenté par l’accusation indique que les événements auraient débuté à 9 h 45 du matin, lorsque Stephora, selon le rapport du Ministère Public, aurait lutté « par désespoir, pour respirer, rester à flot, survivre ». Pourtant, le corps n’aurait été retiré de l’eau qu’à 14 h 05, soit plus de cinq heures plus tard. Qu’a-t-il réellement été fait durant cet intervalle ? Qui surveillait les enfants au moment du drame ? Pourquoi le délai entre la détresse supposée de l’enfant et le retrait du corps est-il aussi conséquent ? Pour l’heure, aucune réponse formelle n’a été fournie.

Ce décalage temporel constitue l’un des points les plus troublants du dossier.


Une affaire devenue publique, puis explosive

La mort de Stephora a rapidement dépassé le cercle scolaire. Des vidéos, des témoignages et des plaintes ont circulé sur les réseaux sociaux, entraînant une forte mobilisation de la communauté haïtienne en République dominicaine et à l’étranger. La famille, assistée d’avocats, réclame transparence totale : documents complets, vidéos brutes, rapports légistes détaillés, protocoles de sécurité de l’école, et surtout, une réponse à cette question centrale :

Cette mort était-elle accidentelle, ou le résultat d’une négligence grave ?

Le Ministère Public, qui a ouvert une enquête pour homicide involontaire, affirme disposer d’une vidéo montrant des signes évidents de manque de surveillance. Plusieurs personnes liées à l’établissement scolaire font désormais l’objet de poursuites, accompagnées de demandes de garanties économiques importantes.

Parallèlement, le Ministère de l’Éducation dominicain a rappelé que les établissements sont tenus d’encadrer strictement ce type d’activités afin d’éviter tout danger. Était-ce le cas ce jour-là ? Le public attend toujours une réponse claire.


Un dossier technique, humain et profondément symbolique

Au-delà des conclusions scientifiques, ce drame met en lumière des réalités sociales sensibles : la présence d’enfants haïtiens dans le système scolaire dominicain, les conditions de sécurité lors des excursions éducatives, et la capacité des institutions à protéger les plus vulnérables.

Stephora n’était pas seulement une élève. Elle était une fille, une camarade, une voix pleine de promesses. Son histoire porte désormais un poids collectif – celui d’une justice à obtenir, d’une vérité à établir et d’un devoir de mémoire pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise.


Ce qu’il reste à éclaircir

Plusieurs éléments essentiels n’ont pas encore trouvé de réponse publique :

• Pourquoi un délai de plus de 5 heures entre le début supposé de l’incident et le retrait du corps ?
• Où se trouvait le personnel encadrant au moment du drame ?
• Quelles conditions de sécurité avaient été prévues pour l’activité aquatique ?
• Pourquoi l’étiologie est-elle indéterminée malgré une cause définie ?
• Quelles sanctions administratives et judiciaires pourraient être appliquées ?

Les familles, la communauté et les observateurs attendent désormais un accès intégral au rapport médico-légal, aux vidéos originales et aux conclusions définitives de l’enquête.


Une question demeure, simple et déchirante :

Stephora aurait-elle pu être sauvée ?

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