Le 21 avril 2025, le gouvernement dominicain a instauré un nouveau protocole de vérification de l’immigration dans 33 hôpitaux publics à travers le pays. Annoncée par le président Luis Abinader le 6 avril, cette mesure vise à encadrer l’accès aux soins des étrangers, notamment des migrants haïtiens, majoritairement présents sur le territoire.
Désormais, tout patient étranger doit obligatoirement présenter :
- une pièce d’identité officielle,
- une preuve de domicile,
- une lettre d’emploi en République dominicaine,
- et assumer l’intégralité de ses frais médicaux.
Les patients ne remplissant pas ces conditions seront rapatriés une fois rétablis. Une décision qui suscite de vives inquiétudes quant au respect des droits humains fondamentaux, notamment le droit à la santé.
L’application de ce protocole a déjà donné lieu à des scènes alarmantes. À l’hôpital San Lorenzo de Los Mina, des agents de la Direction Générale de la Migration (DGM) ont procédé à des contrôles. Plusieurs femmes enceintes ont été escortées vers des bus, même en plein travail. Une femme aurait été embarquée malgré les protestations de sa sœur, affirmant qu’elle disposait de papiers en règle.
Cette initiative s’inscrit dans une série de mesures récentes visant à freiner l’immigration haïtienne, perçue comme un défi économique et social par certains secteurs de la société dominicaine. Cependant, plusieurs ONG et organisations internationales dénoncent une approche discriminatoire et stigmatisante, ciblant spécifiquement les Haïtiens, souvent en situation précaire.
La tension est montée d’un cran avec la publication de vidéos, tournées à 7h25 et 7h27, par un journaliste du Listín Diario. On y voit des femmes enceintes, sans papiers, conduites à bord d’un bus jaune. Face à la polémique, le directeur de l’Immigration, Luis Rafael Lee Ballester, a d’abord affirmé que ces images étaient anciennes, puisque ce véhicule n’était plus en service.
Quelques heures plus tard, revirement : il reconnaît que les vidéos sont bien récentes, expliquant que le bus avait simplement été réparé. Ce cafouillage n’a fait qu’aggraver les doutes sur la transparence et la gestion des opérations migratoires, notamment dans les structures hospitalières.
Alors que le gouvernement dominicain justifie ces actions par la nécessité de protéger ses ressources publiques, cette politique soulève des critiques sur le plan humanitaire et pourrait bien alimenter de nouvelles tensions diplomatiques entre Haïti et la République dominicaine.
La santé est un droit universel. Mais pour beaucoup de migrants haïtiens, elle devient aujourd’hui un luxe sous haute surveillance.
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