L’Immigration and Customs Enforcement (ICE) : de sa création à son fonctionnement sous l’administration Trump

La création de l’ICE : contexte et objectifs

L’Immigration and Customs Enforcement (ICE) a été créée en 2003 dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, par le Homeland Security Act de 2002 adopté par le Congrès américain sous la présidence de George W. Bush^{1 2 3}. Ce texte majeur a fondé le Department of Homeland Security (DHS), une nouvelle entité fédérale chargée de la sécurité intérieure des États-Unis, et a réorganisé plusieurs agences existantes.

L’ICE est née de la fusion des fonctions de deux anciennes agences : l’United States Customs Service, auparavant sous le département du Trésor, et l’Immigration and Naturalization Service (INS), qui dépendait du ministère de la Justice^{1 3}. Cette fusion visait à renforcer la capacité des États-Unis à appliquer les lois sur l’immigration et les douanes à l’intérieur du territoire national, dans un contexte où la lutte contre le terrorisme et les menaces transnationales était devenue prioritaire.

La mission officielle de l’ICE est de préserver la sécurité nationale et publique américaine en appliquant les lois fédérales relatives à l’immigration, au commerce et aux douanes. Cela inclut la détention, la poursuite, la déportation des immigrés en situation irrégulière, ainsi que la lutte contre les organisations criminelles et terroristes exploitant ces réseaux^{1 4 3}.

Organisation et fonctionnement

L’ICE compte environ 20 000 agents répartis dans plus de 400 bureaux aux États-Unis et à l’étranger, avec un budget annuel d’environ 8 à 9 milliards de dollars^{1 4 2 3}. L’agence se divise principalement en deux branches :

• Homeland Security Investigations (HSI), qui mène des enquêtes criminelles sur la criminalité transnationale, le trafic d’êtres humains, la contrebande, le blanchiment d’argent, etc.
• Enforcement and Removal Operations (ERO), chargée de l’arrestation, de la détention et de la déportation des personnes en situation irrégulière3.

L’ICE ne patrouille pas aux frontières, rôle dévolu à la Customs and Border Protection (CBP), mais agit à l’intérieur du pays, y compris dans des lieux sensibles comme les tribunaux, les lieux de travail et les quartiers résidentiels².

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L’ICE sous l’administration Trump : une montée en agressivité

Sous la présidence de Donald Trump, l’ICE est devenue un instrument politique central d’une politique migratoire extrêmement dure et répressive^{2 5 6}. Dès son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, Trump a ordonné un accroissement massif des arrestations, avec un objectif de 3 000 arrestations par jour, visant principalement les immigrés avec casiers judiciaires mais aussi un élargissement des lieux d’intervention^{5 6}.

Cette période se caractérise par :

• Une extension des opérations dans des lieux jusque-là épargnés, notamment les tribunaux, les lieux de travail (fermes, hôtels, restaurants) et les quartiers à forte population immigrée, souvent sans mandat légal².
• Des méthodes controversées, incluant des arrestations publiques parfois spectaculaires et la détention prolongée de migrants en attente d’expulsion.
• Une politique de rafles massives qui a provoqué des manifestations et une forte opposition sociale et politique, y compris dans les secteurs économiques dépendants de la main-d’œuvre immigrée^{4 5}.
• Une suspension temporaire des raids dans certains secteurs stratégiques (agriculture, hôtellerie) en raison de leur impact économique négatif, illustrant le dilemme entre politique sécuritaire et réalités économiques^{5 7}.

Cette montée en agressivité a transformé l’ICE en une force très contestée, perçue par ses détracteurs comme une police d’immigration autoritaire, tandis que ses partisans la considèrent comme essentielle à la sécurité nationale et à l’application stricte des lois².

En somme, l’ICE est née d’une volonté post-11 septembre de renforcer la sécurité intérieure américaine en regroupant les fonctions d’immigration et de douane sous une même agence. Son rôle a évolué vers une application de plus en plus stricte et agressive des lois d’immigration, particulièrement sous l’administration Trump, qui a utilisé l’agence comme un levier politique majeur pour imposer une politique migratoire sévère, au prix de controverses importantes sur ses méthodes et son impact social.